آمال البيروتي طربيه
Messieurs les propiétaires et PDG des banques libanaises:
Je m’appelle Yousra Jean Bustros, je viens du même monde que vous et feu mon papa était ami avec la plupart d’entre vous. Je ne suis pas une anti-capitaliste forcenée et j’apprécie tout autant que vous confort et belle vie.
Je m’exprime aujourd’hui au nom de centaines de Libanais qui appartiennent au même “milieu” que vous, mais aussi et surtout au nom de centaine de milliers de Libanais moins fortunés qui ont été eux aussi et bien plus gravement, les victimes de votre incompétence, de votre imprévoyance et de votre cupidité.
Je ne sais pas de quoi vous êtes faits quand vous n’avez pas honte de délester avec vos manigances financières un militaire d’une partie de sa maigre solde ou une veuve d’une partie de sa modeste pension retraite.
Je ne sais pas de quoi vous êtes faits quand vous n’avez pas honte de décider des plafonds de nos retraits mensuels qui ne couvrent pas le prix hebdomadaire de l’essence de l’une de vos voitures.
Je ne sais pas de quoi vous êtes faits quand vous n’avez pas honte de la vie de merde que vous infligez aux Libanais tout en continuant de votre côté vos vies et vos voyages comme si de rien n’était.
Je ne sais pas de quoi vous êtes faits quand vous n’avez pas honte d’avoir accès en toute liberté à votre argent et à des liasses de billets quand vos compatriotes font la queue dehors devant vos ATM pour quelques billets.
Je ne sais pas de quoi vous êtes faits quand vous n’avez pas honte de puiser sans restriction dans des épargnes auxquelles nous n’avons pas accès, des frais injustifiés auxquels nous ne pouvons pas nous opposer.
Vous êtes une disgrâce tant au niveau humain qu’au niveau professionnel. Vous avez réussi brillament à détruire votre réputation ainsi toute la confiance que les libanais avaient dans leur secteur bancaire. Nous allions à la banque comme nous allions chez un membre de la famille. Avec de grands sourires et des salutations amicales au directeur et aux employés. Nous signions des papiers sans même les lire, autour d’un café, en racontant nos projets, nos enfants, nos vacances ou même une anédocte, complètement, absolument confiants du sérieux et de la solidité de nos banques.
Qu’avez-vous fait?! Comment avez-vous réussi à détruire tout ce capital amitié/confiance en si peu de temps et en ne prenant même pas la peine de vous excuser?!
C’est tout le contraire que vous continuez de faire. Vous continuez, consciement ou pas à faire le jeu de tous ceux qui veulent détruire votre secteur et mettre le Liban à genoux. Je ne sais pas si c’est de la bêtise ou de l’aveuglement. Je ne sais pas si c’est votre sentiment d’impunité qui vous pousse à continuer à vous enfoncer et à ne pas remettre tout votre comportement en cause.
Comment envisagez-vous l’avenir Messieurs, non seulement celui de vos établissements mais celui de vos enfants et petit-enfants qui porteront des noms honnis par les Libanais?!
J’ai assez de franchise et d’honnêteté pour vous dire en face ce que beaucoup de Libanais qui se sentent otages de vos banques, n’osent pas vous dire.
Auriez-vous de votre côté assez de courage et d’honnêteté pour reconnaître le bien-fondé de notre colère et de notre ressentiment?
La balle est dans votre camp aujourd’hui. Vous pouvez sauver ce qui est sauvable encore et arrêter de nous prendre pour des imbéciles rien qu’en nous disant une fois pour toute la vérité et rien que la vérité et en étant plus équitables dans le partage des pertes et profits pour ne pas que vos compatriotes s’étranglent devant l’injustice de vos trains de vie toujours aussi luxueux et les leurs devenus précaires.
S’il vous venait la mauvaise idée de jeter toute la responsabilité sur nos politiciens, auxquels, contrairement à vous, nous n’avons jamais fait confiance, je me permettrais de vous rappeler tous les interrogatoires que nous subissions et tous les justificatifs que vous nous demandiez quand il s’agissait de nous accorder un crédit. Pourquoi ces mêmes questions, ces mêmes justificatifs vous ne les avez pas demandé à un Etat corrompu jusqu’à la moëlle auquel il semblerait que vous avez prêté notre argent à nous et pas le vôtre soigneusement mis à l’abri à l’étranger.
Messieurs les banquiers,
L’histoire retiendra un jour que le Liban a subi au 21ème le plus grand génocide financier de tous les temps. J’ai bien peur, que si vous ne faites rien, votre nom ne soit associé à tout jamais à ce génocide. A vous de choisir.