Minima du vivant

Miriam Daher

Notre routine quotidienne commence à se faire loin maintenant.

Le réveil à 5h40, le bus scolaire, les inter-cours et les repas à l’université

Semblent d’une autre époque. Mais ne datent que d’une année.

On l’a pourtant vu arriver progressivement, en Chine, en Europe, en Asie,

En Amérique, chez nous au Liban puis chez le voisin à présent.

Mais personne n’était prêt à laisser ses habitudes de côté comme ceci.

Certains ont vu leur vie se ralentir, obligés de revenir à l’essentiel, à se demander

Comment réussir à occuper sa journée ?

D’autres à l’opposé ont vu tout s’accélérer,

Avec sur leurs épaules le Liban entier.

Nous sommes en guerre paraît-il,

Chaque guerre a ses héros, nous avons trouvé les nôtres. Ils

Ont le visage de la caissière du supermarché d’à côté,

Celle qui n’aurait jamais imaginé

Être applaudie chaque soir pour son métier.
Cloîtrés chez nous, nous n’avons jamais été si proche de notre lieu de vie.

Sans les distractions des obligations quotidiennes, nous sommes confrontés

Directement à notre environnement, tout comme notre famille.

Ce confinement, qui nous rapproche de ce que l’on est devenu

Met chacun bien à sa place dévoilant au grand jour les différences.
Le confinement,pour gagner la bataille,ne rien faire

C’est bien une nouvelle drôle de guerre.

Je me suis d’abord étonné de la faculté de la population

À respecter la privation d’une partie de sa liberté.

Je me suis d’abord dis, c’est la peur d’une sanction.

Puis j’ai compris que c’est une autre peur qui

Nous fait respecter les mesures, la peur de l’ennemi.

Il est plus facile d’avoir peur d’être blessé au combat

Plutôt que de toucher un camarade d’une balle perdue.

Pour nous convaincre d’une urgence il faut que nous ayons vus

De nos propres yeux le danger

Car tant que notre petite personne ne se sent pas concernée ,

Elle ne fera absolument rien. C’est pourquoi

Nous perdrons sûrement, de demain les combats .

À mes sœurs, à mes frères.
Où sont-ils passés tous ces gens ?
Cachés sous le silence du firmament,
Elles étaient femmes, sœurs, filles ou mères,
Ils étaient hommes, frères, fils ou pères.
Entendons les, partir sans personne
Comme dans un pire matin d’automne,
Discrets comme une nuit sans lune,
Et leur solitude fait si peu la « Une ».
Que furent leurs derniers instants ?
Que des feux d’artifice illuminent leurs tourments,
Elles étaient nos sœurs anonymes et inconnues,
Ils étaient nos frères éponymes éperdus.
Laissons nos cœurs ouverts et accueillants,
Comme le doux sourire des enfants,
Tambourinant le réel de nos pensées explosives,
Nous écraserons leur solitude intensive.
Leur disparition est impossible,
Nos souvenirs, nos cris silencieux,
Vont écraser leur absence physique,
Et pour toujours nous seront liés à eux.
Je veux dire en levant les yeux,
Dire aux étoiles de n’être point guerrières,
À mes sœurs, à mes frères,
Que je vous envoie un baiser à travers les cieux.

Il a suffit d’un grain, tout petit, ultra fin
Pour que la machine économique grippe
Pour que la nature, ses droits reprenne enfin
Et que l’humanité tout entière flippe.
C’est un simple virus, minima du vivant
Pourtant il se propage, et fait de gros dégâts
Dans les rangs des humains de tous les continents.
Point de remède sûr, pour s’en bien préserver
Au mieux on conseille de se terrer chez soi
De se laver les mains, l’hygiène approuver
Pour éviter l’entrée du virus qui fossoie.
A l’hôpital aussi, le personnel soignant
Tente de se garder par le port du masque
Par des combinaisons et l’usage de gants
A tout prix éviter que les aidants casquent !

Sauf que le système nouveau libéral
N’a rien anticipé, que les masques manquent
Que les lits sont rares dans le grand hôpital
Pour les patients que la maladie efflanque.
Dans les habitations, seuls ou en famille
Les gens passent le temps, s’occupent les enfants
Interdit de flâner, de cueillir les jonquilles
Interdit de sortir. Séparés les amants.
Et chacun d’attendre, d’espérer le moment
De la libération, du rire, de la dive bouteille
Des amis ou amants réunis chaleureusement
Tous ensemble danseront sur la place au soleil.
De cette longue épreuve et drôle de guerre
Que retiendrons nous ? Quels enseignements ?
Saurons nous comprendre, changer radicalement d’ère
Redevenir vivants, partageurs, solidaires, aimants ?

Si tu veux être soigné, il te faut être dans la norme
Si tu veux t’habiller, il te faut être uniforme
Si tu veux te déplacer, auras-tu un siège
Si tu veux te laver, ne tombe dans le piège
Si t’es trop gros, tu ne seras pas soigné
Si t’es pas beau, tu ne pourras pas t’habiller
Si tu veux un siège, choisi la 1ère classe
Si tu évites le piège, bravo tu as la classe

Attention, êtres humains, pour le lendemain
Attention, t’es pas loin, d’éviter le chagrin
Et pourtant, t’as compris, que tu es un soumis
Et pourtant tu voudrais, choisir ta propre vie
Alors quoi, alors quand ?
Avec qui, cependant ?
Quelle vie là devant ?
Pourquoi ce moment ?
Le gouvernement me dit ce que je dois faire
Est-ce le gouvernement qui paiera pour ma chair ?
Insuffisance de moyens et des laissés pour compte
Insuffisance c’est pas bien et cela me fait honte
D’un pays à l’autre, une gestion différente
D’un pays à l’autre, oui ou non à la banque
Un pays comme l’autre veux remonter la pente
Un pays comme l’autre pense à ses futures ventes
Et toi dans tout cela, est-ce que ça ira ?
Et toi dans tout cela, est-ce que tu pourras ?
Faire que la solidarité devienne une alliée
Faire que la morosité soit bien balayée
Restons vigilants, soyons bien conscients
Nous sommes importants vers ce changement
Petits ou grands, peu importe l’âge
Rester en retrait serait bien dommage
Fais ce que tu veux, il n’y a pas de limite
Et avec respect pour celui qui s’agite
Exprime ton amour avec sagesse
Tu pourras nourrir ceux qui régressent
Vas au-delà de toi, l’univers est immense
Vas chercher en toi, les relations intenses
Construis à ta manière la vie sur terre
Tu réaliseras la paix avec tes pairs
Tu le sais, tu le sens
Autorise-toi, ce moment
Prends soin de toi et de nous
Sois libre, décolle tes genoux .